Vivian Maier, américaine née le 1er février 1926 à New York de parents immigrés, l’un français et l’autre autrichien est décédée en avril 2009. Elle était totalement inconnue du grand public. Quelques jours après sa mort un agent immobilier, John Maloof, parvient à mettre un nom sur les 30.000 clichés de qualité qu’il avait découverts deux ans plus tôt dans une salle des ventes. Vivian Maier était très humblement passionnée de photographie, de « street photography ». Une passion qu’elle nourrissait seule, loin des galeries et des musées, loin des regards mais si proches des gens… Elle restera dans les mémoires pour la fantastique qualité de son œuvre qui égale voire dépasse ce que nombre de ses contemporains célèbres ont pu réaliser au cours de la même période.
Récit par John Maloof d’une découverte extraordinaire
J’ai acheté les négatifs de Vivian lors d’une vente aux enchères de meubles anciens. D’après ce que je sais, la salle des ventes a acquis ses biens qui étaient vendus en raison de retards de paiements. Je ne connaissais rien à « la photographie de rue »… Il m’a fallu des jours pour découvrir l’ensemble de son travail. Il m’a inspiré pour mon travail de photographe. Peu à peu, comme j’ai progressé en tant que photographe, je souhaitais revenir sur les négatifs de Vivian et « voir » plus dans son travail. J’ai acheté le même appareil photo et je suis descendu dans la rue aussitôt pour me rendre compte combien il était difficile de faire des images de son calibre. J’ai découvert le regard qu’elle avait pour la photographie à travers ma propre pratique. Inutile de dire que je suis très attaché à son travail.
Dans l’ombre
Après quelques recherches, je n’ai toujours que peu d’informations sur Vivian. Chez Central Camera (magasin d’appareils photographiques qui existe depuis 110 ans à Chicago), on a rencontré Vivian de temps à autre quand elle achetait ses films. De ce qu’ils savaient, elle était très « gardez vos distances », mais avait également son franc-parler. Elle aimait les films étrangers et ne se souciait pas beaucoup des films américains. Certaines de ses photos sont des photos d’enfants et souvent près d’une plage. Plus tard, j’ai découvert qu’elle était nounou pour une famille de la côte Nord. Selon les documents de nécrologie, il semble qu’elle a vécu à Oak Park, une banlieue proche de Chicago, mais j’ai découvert que, plus tard, elle a vécu dans le quartier de Rogers Park.
Plus de 100 000 négatifs
Sur les plus de 100 000 négatifs que je possède dans cette collection, environ 20-30 000 négatifs étaient encore en rouleaux, non développés et dataient des années 60-70. J’ai développé avec succès ces rouleaux. Je dois dire que c’était très excitant pour moi. La plupart de ces négatifs qui ont été développés présentaient la date et l’emplacement de la prise de vue au crayon et en français (ndla : Elle avait apparemment fait des études en France).
J’ai trouvé le nom de Vivian Maier écrit au crayon sur une enveloppe de labo photo. J’ai décidé de saisir son nom dans Google environ un an après avoir acheté les négatifs. Sa nécrologie a été publiée la veille de ma recherche. Quelques jours s’étaient écoulés avant que je ne me décide à enquêter sur elle. Je souhaitais la rencontrer en personne bien avant de trouver sa notice nécrologique, mais la salle des ventes m’avait indiqué qu’elle était malade, alors je ne voulais pas la déranger. Tant de questions auraient trouvé des réponses si je n’avais pas attendu.
Vivian Maier est exposée pour la première fois en 2011, deux ans après son décès, au centre culturel de sa ville de Chicago. Bel hommage à celle qui fut, sans le savoir, ni le vouloir, l’une des plus grandes photographes de son siècle et le témoin attentif et généreux de la vie de ses contemporains. Il y avait Cartier-Bresson, Doisneau, Lartigue… et Vivian Maier !
Guillaume Pierre LEROY
Site officiel : http://www.vivianmaier.com/
- Vivian Maier – her discovered work
- Vivian Maier : Howard Greenberg Gallery
Ndla : Cet article est la reprise conforme d’un précédent que j’avais rédigé et publié suite à la découverte de cette photographe en février-mars 2011. Ce fut une révélation et le plaisir reste intact.